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Mais la répression n’était pas toujours victorieuse. En 1785, les esclaves embarqués à bord d’un négrier hollandais secouèrent leurs chaînes et massacrèrent l’équipage, sans avoir pu toutefois, l’empêcher de tirer le canon d’alarme. Le navire était encore proche de la côte de Guinée. Une foule de canots, montés de nègres libres en armes, l’enveloppèrent. Désespérant d’échapper, les mutins mirent le feu aux poudres ; on n’en repêcha qu’une trentaine sur cinq cents.

Le docteur Isert conte une rébellion dont il faillit être victime à bord d’un négrier danois. La plus grande partie des esclaves étaient sur le pont. Tout à coup, à l’agitation habituelle, succéda un profond silence, puis un cri de guerre. Tous les nègres se levèrent et assaillirent le docteur qu’ils frappaient avec leurs fers, l’un d’eux avec un rasoir qu’il avait arraché au barbier. Le médecin dut son salut à une charge à la baïonnette partie du fort.

Au milieu du dix-neuvième siècle encore, le Lafayette rencontrait un schooner à la dérive, dont l’équipage étrange laissait assez deviner qu’un drame s’était passé à bord. Sur le pont où l’herbe croissait, une trentaine de nègres tout nus, encadraient l’un des leurs qui avait revêtu, en signe de commandement, un uniforme blanc et s’était pendu une montre au cou.

À la chute du jour, le premier officier et un quartier-maître descendaient dans la cale, un fouet à la main pour procéder à l’arrimage nocturne : les captifs devaient se coucher sur le côté droit, estimé préférable pour le fonctionnement du cœur. Les plus grands étaient au maître-bau,