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drogue que le chirurgien mit ; et nous leur en frottâmes les fesses, pour empêcher que la gangrène s’y soit mise, et de plus, pour que cela leur eût cuit. »

Le navire rochelais d’Avrillon avait embarqué à Gorée cinq cents esclaves Yolofs, dont nous avons conté plus haut la tentative de révolte. Au cours de la traversée, Avrillon eut le tort d’en déferrer quelques-uns pour aider à la manœuvre : ils enlevèrent les goupilles des fers de leurs camarades qui commencèrent à massacrer capitaine et matelots à coups de boulons. Retranchés dans le gaillard, derrière une cloison à claire-voie, les deux douzaines de blancs restés debout, fusillèrent un à un les nègres les plus alertes qui montaient le long des manœuvres pour franchir le frêle obstacle. Mais devant l’opiniâtreté des révoltés qui se succédaient à l’assaut sans manifester la moindre crainte, le lieutenant du bord ouvrit un tir à mitraille des deux canons pointés dans la claire-voie. Deux cent trente nègres morts ou mourants furent jetés à la mer après cette horrible boucherie. La leçon avait suffi. Les autres se tinrent cois.

En 1724, sur le simple soupçon que ses passagers allaient se révolter, un capitaine en condamne deux à mort. Suspendue à un mât, une négresse fut fouettée ; puis, avec des couteaux, on lui enleva cent filets de chair jusqu’à ce que les os fussent à nu. L’autre condamné fut égorgé ; on lui arracha le foie, le cœur et les entrailles ; son corps fut mis en pièces ; et chaque esclave dut en manger un morceau, s’il faut croire le More-Lack.