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au vinaigre et, chaque matin, une « goutte » d’eau-de-vie sert de préventif au scorbut. Parfois, une pipe passe de rang en rang, chacun en tirant quelques bouffées.

Mais que personne ne s’avise de faire la grève de la faim ; le fouet s’abattra sur le défaillant ; et s’il persiste, s’il fait école, il sera roué vif à coups de barre de fer ; bras et jambes brisés, ses cris effroyables enlèveront à ses frères d’infortune le désir de l’imiter. S’il est reconnu malade, on lui passera au cou une perle ou un bouton, et il sera expédié à l’infirmerie, au gaillard d’avant.

RÉVOLTES À BORD

En 1750, Benezet, qui n’avait pas moins de cent soixante-dix noirs à bord d’un navire de quatre-vingt-dix tonneaux, de Liverpool, réprima une rébellion en faisant suspendre par les pouces et battre jusqu’à la mort le chef des émeutiers.

Sur les châtiments des rebelles, voici le témoignage consigné en 1738 dans le livre de bord de l’Affriquain : « Du samedi 29 décembre. Hier, nous amarrâmes les nègres les plus fautifs, autrement les nègres auteurs de la révolte, aux quatre membres et, couchés sur le ventre dessus le pont, nous les fîmes fouetter. En outre, nous leur fîmes des scarifications sur les fesses pour mieux leur faire ressentir leurs fautes. Après leur avoir mis les fesses en sang par les coups de fouet et les scarifications, nous leur mîmes de la poudre à tirer, du jus de citron, de la saumure, du piment, tout pilé et brassé ensemble avec une autre