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heure et demie de lecture, une demi-heure de charade ou de conversation, et quelquefois un chapitre du Nouveau Testament et de l’Imitation, et le journal, tous ces exercices me mèneront bien jusqu’au souper… Le soir, nos matelots dansèrent au son d’une musette : le bal dura bien une heure. Les Bretons et les Provençaux surtout firent merveille. Ce sont des gaillards qui n’ont pas les gouttes. On joua à Pettengueule : les matelots dansèrent aux chandelles. Pour nous, nous prîmes la ponche, espèce de limonade faite avec de l’eau-de-vie, du citron, du sucre, un peu d’eau et de la muscade. Nous terminons par la prière pour le Roi. »

Les capitaines de navires négriers ont souvent de la culture — les romans du jour à côté du Flambeau des mers, — et de la coquetterie, — épée à poignée d’argent, veste à broderies d’or, souliers à boucles d’argent, chemises à jabot et poignets de dentelles. À leurs émoluments, s’ajoutent les port-permis, c’est-à-dire le droit de vendre quelques esclaves à leur profit. Car le capitaine est agent d’affaires autant que marin.

Étrange paradoxe ! Alors que les nègres n’ont aucune idée de Dieu, on leur impose le matin, à midi, le soir, la prière commune pour leur inspirer « le respect dû à l’Être suprême » ! Avant de leur distribuer la nourriture, on récite le Benedicite !

Le menu varie selon les habitudes des diverses peuplades : riz, farine, ignames, fèves. Et pour éviter que les esclaves se jettent gloutonnement sur les aliments, ils mangent au commandement, au signal donné par un moniteur. La bouche est rincée