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blancs, ils se tuèrent les uns les autres ou se jetèrent à la mer. »

Et voici l’autre danger, l’apparition d’un navire ennemi qui approche toutes voiles dehors. Le commandant de l’Affriquain écrit, en 1738, dans son journal de bord : « Fait charger tous les canons et quatre pierriers, quatre espingoles à chandelier montés sur la lisse, derrière et à bâbord du gaillard ; fait aussi charger tous les fusils et pistolets, et tous les fanaux de combat en chaque poste de canon… Et à la nuit fermante, nous fîmes fausse route. »

L’ennemi en vue, un volcan sous les pieds, quel est l’état d’esprit de l’équipage ?

LA VIE À BORD D’UN NÉGRIER

Il témoigne d’un singulier optimisme. « Nous partons avec trente hommes d’équipages, deux cent quarante-six captifs se portant bien, ayant à bord la moitié du pain que nous avions en partant de France et autres vivres nécessaires à l’équipage, plus la moitié des fèves pour les nègres, deux cent soixante-huit barriques d’eau, cent quatre-vingt-six altières de farine de manioc, deux mille cocos et autres rafraîchissements pour nous mener à Léogane, lieu de notre destinée pour la vente, Dieu veuille nous y conduire et la très sainte Vierge », lit-on dans le journal de bord de la Jeannette de Nantes.

« Je déjeunerai de l’espagnol, écrivait en 1702, un marin de l’Aigle qui venait de charger des nègres à Whydah. Après-midi, du pilotage, une