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à sa peau de l’éclat, on l’avait fait transpirer à l’aide de poudre et de jus de citron.

Le marché conclu, les esclaves sont estampés au fer rouge, du sceau, des armes ou des initiales de la Compagnie ou des négriers. Chaque nation a une place d’élection, gras du bras, estomac, joue, où tracer en relief sa marque de propriété. On bat la cloche de fer qu’est le gongon pour avertir les courtiers que la paie va commencer. S’ils ont sollicité une avance, garantie par un otage, par un fils de terre, et qu’ils laissent protester cette lettre de change, le fils de terre prend comme esclave la route de l’Amérique.


« PAQUET » OU PRIX D’UN ESCLAVE

Qu’il est loin, le temps d’Henri le Navigateur, où les Portugais obtenaient une quinzaine de nègres pour un cheval et une négresse pour un plat de barbier ! Au seizième siècle, un noir ne se vend encore que dix ducats au Congo et, au dix-septième siècle, vingt écus à Benguéla. Vers 1750, le prix est d’environ trente pistoles ; et à la fin du dix-huitième siècle, il monte à cent cinquante barres de fer, soit à quinze livres sterling. C’est que les frais augmentent pour les marchands de chair humaine. Il faut se pourvoir au loin, payer les frais des caravanes, les droits de passage et d’étal, verser une bienvenue au Mafouc qui préside à la traite congolaise.

Au temps où négociait le capitaine Degrandpré, en 1786, le prix d’un esclave atteignait cinq cents francs, payés en pièces d’étoffes (guinée indienne,