Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/82

Cette page n’a pas encore été corrigée

BOMBES, TRONCS ou BARRACONS À ESCLAVES

Les malheureux captifs vont s’entasser dans les « salles de putréfaction » que sont les bombes, troncs ou barracons, en un mot les magasins à esclaves. Les postes de traite en Afrique forment tout un village autour des quibangas, maisons fortes, isolées du sol par un échafaud de gros baliveaux, et meublées à l’intérieur avec un confort européen. Une galerie forme balcon, où des espingoles passent leur gueule. Les dépendances comprennent la case des marchandises, la case des officiers, la case du chirurgien, la case à eau-de-vie, le poulailler, la cuisine, la forge, l’infirmerie, l’étable et la prison, enfin un jardin potager.

Les domestiques employés dans notre comptoir de Whydah, au temps de Labarthe, étaient un garde-magasin, deux courtiers, un portier, six tagonniers rouleurs d’eau, une blanchisseuse ou pileuse, un tronqué et un batteur de gongon pour annoncer l’ouverture et la fermeture de la traite. Quand un stationnaire était attaché au comptoir, comme au Sénégal, il était en grande partie monté de nègres, laptots ou matelots, gourmets ou timoniers et rapasses ou mousses, auxquels commandait en français le maître de langue : c’était le maître d’équipage. Tous ces employés étaient payés « en toques, en ancres d’eau-de-vie et en galines de bouges ». Les bouges étaient des coquillages des Maldives appelés cauris ; la galine