Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/76

Cette page n’a pas encore été corrigée

en les employant aux travaux des routes ou en les louant aux particuliers. Ils étaient matés.

Nos colonies des Mascareignes, Bourbon et île de France, avaient aussi recours aux Cafres. La figure lardée de cicatrices, front, joues et oreilles percés, la lèvre supérieure trouée à y passer le doigt, les dents limées en pointe à rendre jalouse une bête de proie, les Cafres exhalaient une odeur aussi pénétrante que celle d’un fauve. Et leurs cheveux crépus, ornés d’une plume, d’un peigne ou de verroteries voyantes, ajoutaient à la mascarade. D’une moralité plus que facile, d’un penchant pour le rhum qui leur faisait boire à plein verre cette coupe enchantée, ils avaient pour eux les qualités des bons serviteurs : ils étaient dociles et laborieux.

LES JOLIES « NÉGRESSES » DE BATAVIA

Un ermite qui avait cru trouver dans l’île Rodriguez des Mascareignes, l’île d’Éden et que la solitude avait désenchanté, François Leguat s’extasiait sur la beauté des négresses de Batavia. « J’ai rencontré à Batavia, en 1697, disait-il, plusieurs fort jolies négresses : un visage tout à fait formé à l’européenne ; les yeux brillants et bien fendus, les dents admirables, la taille fine, la gorge très belle et douce, aussi bien que le reste du corps, bien que noire comme du jaïe. Si l’on voulait considérer que cette sorte de teint est presque inaltérable, n’étant sujet à aucune des pâleurs, des rougeurs, des taches et des diverses autres inégalités et assauts que souffre continuellement