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jamais vu personne d’aussi gai et de bonne humeur que les femmes. Question de couleur mise à part, elles sont réellement belles, si l’élégance des formes, la régularité des traits animés par la gaîté, une peau douce et veloutée, des yeux d’un brun sombre et brillants, des dents blanches comme l’ivoire sont les éléments qui constituent la beauté. »

Le jeune homme qui écrivait cette lettre, voyait l’humanité à travers les sophismes de Rousseau. Les bons Cafres menèrent la vie si rude aux Boers que ces colons hollandais, laissés à la merci de leurs attaques, franchirent le fleuve Orange et y fondèrent une nouvelle république.

Contre les Anglais qui avaient remplacé les Boers, les Cafres continuèrent à guerroyer. Trois campagnes n’avaient point réussi à réduire les rudes clans, les soldats qui tombaient, subissaient des traitements atroces, quand un événement imprévu mit fin à l’agitation des clans.

Un prophète cafre, Umkalaza, annonça aux tribus de sa race un prochain bouleversement dans l’ordre de la nature. Les morts, disait-il en 1856, allaient ressusciter avec leurs bestiaux et leurs richesses ; toutes les félicités terrestres leur étaient promises ; la cafrerie deviendrait libre et ses ennemis étrangers seraient anéantis. Les nègres n’hésitèrent pas à égorger leurs bestiaux, persuadés qu’ils étaient de les voir renaître en plus grand nombre. Et comme ils ne vivaient que de leurs troupeaux, le résultat de ces prédications fut une épouvantable famine. Mourant de faim, ils implorèrent les autorités britanniques, qui les nourrirent en effet, mais comme des prisonniers,