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pour exploiter « le bas de la côte » ; Loango, Malimba, Cabinda reçurent chacun un navire-entrepôt oùs’entassaient les esclaves, en attendant que la flottille négrière, — sept transports et trois « voituriers », — les transportât à Saint-Domingue. La vente des noirs dans ce pays fertile qu’arrose le Congo, était si bien entrée dans les mœurs qu’un siècle plus tard, les populations étaient prêtes à défendre, au prix de leur sang, l’odieux trafic qui les décimait.

LA REINE BOURREAU DE L’ANGOLA

Furieuse de ne point succéder au roi d’Angola son père, en 1640, et de voir soutenu par les Portugais son neveu, la princesse Anna Xinga leur livra bataille sur bataille. Cette femme féroce se vêtait en homme pour faire la guerre et, alors qu’elle vivait sous la tente, elle entretenait près d’elle des mignons, habillés en femmes. Baptisée, elle sacrifiait aux idoles. Et une hache à la ceinture, un arc à la main, elle dansait au son de deux cloches de fer, au milieu des hurlements, avant de décapiter elle-même des victimes humaines dont elle buvait à longs traits le sang. Aussi barbares qu’elle, ses courtisans étouffaient les enfants qu’ils avaient eus de leurs concubines.

Et pourtant, telle était la fécondité de la race que les Espagnols ou les Portugais exportaient annuellement quinze mille noirs de l’Angola à Porto-Rico, Saint-Domingue, Carthagène, au rio de la Plata et au Brésil. Comme au Congo, le