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royaume du Congo, Ambassi ou Banza, que les Portugais avaient baptisée San Salvador. Ils l’avaient dotée d’églises, dont l’une, Saint-Antoine de Padoue, contenait les tombeaux des rois ; d’écoles, où les enfants des nobles apprenaient le latin et le portugais ; et enfin d’édifices en pierre, qui contrastaient avec les cases indigènes en chaume et en terre. Et ils avaient débarrassé la ville du marché où les Jagas débitaient la viande humaine.

Dans le palais du roi, aux galeries spacieuses, garnies de belles nattes, tous les grands, tous les résidents portugais étaient réunis certain jour du dix-huitième siècle, autour du trône en déshérence. Au pied du trône gisaient la couronne royale, des bracelets d’or et, dans une bourse, une bulle pontificale, sans aucun doute la bulle d’Urbain VIII qui permettait au roi du Congo de se faire couronner par un capucin avec les cérémonies de l’Église romaine.

Dans le silence, une voix s’éleva :

« Qui que tu sois qui dois être élu roi, gardes-toi d’être concussionnaire, vindicatif et méchant ; sois ami des pauvres, donne des aumônes pour la rédemption des captifs et des esclaves ; secours les affligés ; favorise l’Église ; conserve la paix à ton royaume et ne romps jamais l’alliance qui est entre toi et le roi de Portugal, ton frère. »

Flûtes et hautbois saluèrent d’une fanfare l’élu qui montait sur le trône ; il revêtait les insignes royaux et, entre les mains d’un prêtre, jura sur les Évangiles d’observer la formule de vie clamée par le héraut. On lui jeta de la poussière sur le