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Seize lieues plus au sud, est un autre centre de traite, Malimbe ; le quartier français et le quartier hollandais sont des deux côtés « d’un de ces petits monts hermaphrodites qui produisent à la fois du feu et des eaux ». Au sommet est le marché, pourvu de bancs pour les promeneurs, quand les affaires sont achevées.

LES SCRUPULES DU ROI DE CABINDA

Dans une baie sûre, au-dessous d’une montagne en pain de sucre, gisait « le Paradis » de Cabinda. Site riant, marché abondant en esclaves, des interprètes pour toutes les langues, les négriers trouvaient tout réuni. Ils s’approvisionnaient en Sognos hargneux et querelleurs, en Mondongues anthropophages, à la poitrine brodée de tatouages, dont les femmes avaient par des incisions renflé leur ventre en gros boudins, et surtout en Congos, gais et riants, comiques avec leurs tabliers en peaux de chat, et dont la langue, coulante et flexible, était très douce aux amoureux.

Lorsque la frégate française l’Aigle relâcha à Cabinda, en 1702, un singulier visiteur vint inviter le capitaine Le Roux à pratiquer dans le pays la traite humaine. C’était un nègre « vêtu à l’arménienne, avec une longue robe d’écarlate fourrée de peau, un bonnet de coton de même et, au cou, un écheveau de chapelets garni de quantité de médailles d’or. Catholique romain, le roi son frère se faisait scrupule de conscience de vendre ses noirs à des protestants ». En mémoire de