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lors de la mort d’un roi : à côté du caveau voûté où repose le défunt en habits somptueux, entouré des statuettes de ses dieux domestiques, sont ensevelis les malheureux qui le serviront dans l’autre monde. Le Ganga a présidé à la cérémonie funèbre.

Il a, au cou, une besace en peau de lion, remplie de sonnettes, de clefs, de dents, d’ongles de nains blancs et, aux épaules, des calebasses pleines d’herbes et aussi d’un vin qu’il donne à boire aux femmes enceintes. Assis sur une natte il fait résonner des sonnettes de fer qu’il porte entre les doigts, se peint de blanc et de rouge les paupières et le visage, et entre en transe. On arrête ses transports en l’aspergeant d’une eau fort aigre. Et il prophétise.

Aussi de quel prestige est entouré le Ganga moquisies, le chef des prêtres des idoles ! Une plume de perroquet de chaque côté de la bouche, ses moquisies ont subi l’épreuve d’un noviciat où ils doivent bondir, hurler et faire preuve d’insensibilité jusqu’à tenir en mains des charbons ardents. Mais que sont ces jeunes filles barbouillées de rouge, qui laissent pendre des deux côtés du visage une « guirlande » de cheveux ? Le rouge indique qu’elles sont à l’époque des menstrues ; la tête rasée avec de simples guirlandes signifie qu’elles sont bonnes à marier et à servir leur mari à genoux, en battant des mains de joie.

Dans ce grand marché d’esclaves qu’est Loango, affluent des Quibangues à la jolie figure, rehaussée d’une dentition admirable ; des Mayombes, à l’étroite poitrine et aux dents malsaines, des Montéqués, aux dents limées en pointe.