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foule. Si le poison contenu dans le coco commence à agir, le malheureux est mis en pièces et ses membres sont accrochés à un palmier. Il y a aussi l’épreuve du feu. Si un charbon ardent ne laisse aucune trace dans la main de l’accusé, il est acquitté.

Si vous voulez connaître les mœurs congolaises au temps de la traite, lisez Degrandpré. Vous assisterez au dîner d’un homme cossu. Devant lui, est une idole de dix pouces de hauteur, coiffée d’un bonnet pointu qu’orne une plume, et enduite d’une croûte de poudre rouge. Elle fera l’essai de chaque mets, comme du vin de palme, dont les convives lui cracheront une lampée à la figure, persuadés qu’ils ont ainsi conjuré le poison.

Quand on veut obtenir la rosée pour une terre assoiffée, ou du vent pour l’arrivée de navires de commerce, on consulte les Ganga, les fétiches. Le prêtre s’enferme dans sa hutte de paille, la fait trembler, et dans la fumée qui en sort, parle le zambi. Retenez les noms : vous les retrouverez, presque intacts, de l’autre côté de l’Océan.

Les moquissos, les idoles de Loango, sont de toutes les formes, statue de bois, natte d’où pendent des paniers, des plumes, des sonnettes, tronc d’arbre orné de bijoux, sac orné de cornes, pot garni de haillons… Lors des fêtes célébrées en l’honneur de Bomba, les jeunes filles dansent, la tête couverte de plumes, en chantant des chansons obscènes ; une autre idole, Kicocoo, force les morts à sortir de leurs tombeaux pour aider, la nuit, les pêcheurs. Cette croyance à la survie amène le sacrifice d’un grand nombre d’esclaves