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comme on appelait aussi les requins, abondaient dans les parages.

LE TRIBUNAL DE « LA MAISON DU VIN » À LOANGO

À des falaises rouges qui, sous les feux du soleil du matin, ressemblaient à des flammes, on reconnaissait les approches de Loango. C’était une belle ville d’une quinzaine de mille âmes, dont une gravure de Dapper nous montre les particularités : palais royal, jardin du roi, maison du banquet, maison du vin, salle d’audience, tour des crieurs, jardin des femmes, maisons au toit aplati.

Dans la salle d’audience, le roi, entouré de ses ministres, gouverneur des provinces, amiral, vice-consul, intendant de l’artillerie et grand échanson, siégeait sur un trône d’osier, adossé à son écu d’armes et ombragé de parasols. Ventre à terre, ses sujets lui rendaient hommage. Il rendait la justice dans la maison du vin, après s’être copieusement désaltéré. Tour à tour, accusateur et accusé se faisaient entendre. Puis, en présence d’un jury qui avait semé de bâtonnets le sol, l’accusé devait passer et repasser sur les morceaux de bois. S’il trébuchait et tombait, il était déclaré coupable, on le mettait en pièces. Dès que retentissait la sonnette du roi, assez semblable aux sonnailles des vaches d’Europe, les voleurs se mettaient à trembler et restituaient furtivement leurs larcins.

Un crime est-il commis ? Le prévenu est soumis à l’épreuve du poison en présence de la