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Louise de Saint-Malo, s’engageant dans la rivière d’Owhère ou d’Ouari, fut remorquée par une quarantaine de pirogues envoyées au-devant d’elle. Charmé des manières du capitaine Landolphe, c’est à la France que le roi d’alors demanda de parfaire l’éducation de son héritier nommé Boudakan. Il en était besoin. Owhère avait des mœurs aussi sanguinaires que le Bénin : pour n’être pas reconnus et pour ne pas laisser de trace, les bourreaux se voilaient la face et se frottaient les pieds avec une espèce de craie. La compagnie Brillantois-Marion, formée pour exploiter « les bois d’ébène » d’Owhère, eut une vie brève. En 1792, les Anglais chassèrent le capitaine Landolphe du fort qu’il avait édifié dans l’île de Borodo.

Ne quittons pas le Bénin sans saluer ici l’art nègre ; art avancé, remontant sans doute au-delà du contact avec les blancs, il ornait de bas-reliefs des panneaux de bois où se jouaient des animaux, et il décorait de personnages des plaques de bronze. Telle statuette de cavalier, telles têtes de bronze. Reproduites par Maurice Delafosse, telles trompettes de bronze aux fines ciselures, sont des chefs-d’œuvre de primitifs.

« LA MAISON DES JOUJOUS » DES BONNY

Au-delà du delta du Niger, débouchent dans un estuaire, les rivières de Bonny et Nouveau-Calabar. La population de Bonny avait dans chaque village un temple, « la maison des Joujous », où était honoré l’animal sacré, que dans certaines