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des rangs pour se former à la guerre, elle défilait avec une attitude martiale. C’était l’armée du roi de Dahomey. Les gens de Whydah et d’Ardres détalèrent devant elle. Et une pyramide de quatre mille têtes, que vit Snelgrave, se grossit de nouveaux trophées apportés par les vainqueurs, avides d’une prime pour chaque tête coupée. Le gouverneur d’un des forts anglais de la côte rejoignit les victimes : « Le bœuf anglais est fort bon », déclarait un cannibale dahoméen, qui l’avait assaisonné, tout vif, au sel et au poivre.

Les Dahoméens étaient policés. Un de nos officiers de marine, en 1702, admirait l’une de leurs villes, Jaquin, dont les rues étaient affectées chacune à un métier comme celles de certaines villes d’Europe. Il

y en avait pour les marchands de pipes et de tabac, pour les toiles peintes, les toiles blanches, les nattes et les paniers, la vaisselle, les pagnes de coton, les pagnes d’herbes, les poissons, « le tout arrangé d’une manière à faire plaisir ».


L’arrivée des bourreaux au Dahomey
extrait de The History of Dahomey (London, 1793)
par Archibald Dalzel


Astreints à aller chaque année saluer le roi du Dahomey, les gouverneurs de notre comptoir de Whydah eurent l’occasion de connaître la discipline toute militaire qui régnait à Abomey et d’applaudir les défilés impeccables des bataillons d’amazones de la garde qui passaient par quinze de front et exécutaient à la perfection des feux de salve.

Entouré de ses ministres, du général des troupes, du grand écuyer et du chef des tambours, le roi noir, en 1776, avait l’habit, la veste, la culotte et le drapeau à la française, avec des brodequins et des bas. Nul ne pouvait se présenter