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Sulpice et qui avait la duchesse de Berry pour marraine. Lisez les Aventures de M. Robert Chevalier, dit de Beauchesne, aventures véridiques, encore qu’elles soient contées par l’auteur de Gil Blas. Beauchesne est exténué : il se traîne le long de la côte de Guinée, non loin du cap Coast — « D’où êtes-vous ? » lui crie le filleul de la duchesse de Berry : il avait déserté notre comptoir pour « vivre en maîtres avec des stupides plutôt qu’en esclave avec des gens d’esprit ».

À Whydah, on usait de commodités européennes. À défaut de chaise à porteurs, les Européens étaient couchés dans des hamacs, à l’abri des ardeurs du soleil ; ils payaient leurs porteurs en pucelages, en cauris. Mais Dralsé de Grand-Pierre déconseillait « aux poulettes de Paris de devenir les épouses de ces messieurs. Dès qu’ils ont le moindre dégoût pour les leurs, ils s’en défont en les vendant : ils tirent ainsi de l’argent de la chose du monde la plus incommode, je veux dire d’une femme qui ne plaît pas » !

LE POINT D’HONNEUR D’UN ROI DAHOMÉEN :
BOURREAU, OUI, MAIS PAS MARCHAND D’ESCLAVES

Anglais, Français, Hollandais et Portugais exploitaient en paix la traite négrière des royaumes d’Ardres et de Whydah, quand surgit, en 1726, une armée ennemie, la seule armée régulière des empires noirs. Compagnie par compagnie, avec drapeaux, les officiers à mulets, les soldats et les amazones, fusil à l’épaule ou le sabre au côté, des enfants de troupe au milieu