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de la Compagnie, qui était un déserteur prussien du nom d’Heinrich Carolof, il scella une convention qui nous autorisait à mettre en coupe réglée son « bois d’ébène », à raison de dix-huit barres de fer la pièce, je veux dire, chaque nègre. Son « secrétaire d’état », assisté de trois de ses femmes, vint en grande pompe aux Tuileries, le 19 décembre 1670, nous confirmer l’octroi de cette main-d’œuvre, la meilleure de toutes, disait Savary dans le Parfait Négociant ; si bien que les Anglais ne tardèrent point à nous faire concurrence.

Si plus d’un nègre de la côte, tel le ministre de la marine, Asson, parlait « joliment » le français, les usages de la cour différaient quelque peu du cérémonial de Versailles. C’est « en marchant sur ses genoüils, le cul en arrière », que le ministre de la marine introduisit, en 1704, l’ambassade française de Jean Doublet. Couché sur une natte, la pipe à la bouche et un « pot de commodité » près de lui pour recueillir ses crachats qu’à nuit fermante, on enterrait comme des reliques au son du tambour, un noir des plus noirs nous reçut au bruit d’une aubade de « cornes de bouc, de célintres de fer, de calebasses ornées de cordes et de bassins de cuivre ».

Et le bon Raynal de dire dans son Histoire philosophique : « Ces nations vivent dans une ignorance entière de cet art si révéré parmi nous sous le nom de politique. Cependant, ils ne laissent pas d’en observer les formalités et certaines bienséances » !

À notre comptoir de Whydah, avait été envoyé un nègre qui avait été baptisé à l’église Saint-