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couleurs. Dans les cours, un vase en terre sur piédestal contenait une plante sacrée, semblable à l’oreille d’ours, dont « la faible odeur aromatique fortifiait le cœur », au dire du médecin danois Isert.

Pendant que les hommes étaient à la guerre, les femmes dansaient tous les jours « le fétiche » : armées de sabres de bois, elles simulaient un combat, se jetaient dans des canots, faisaient le geste de ramer, prenaient une truelle et semblaient procéder à la construction d’une forteresse. « Ces ballets pantomimes ne manquent pas de goût », déclarait Isert. En dehors de la guerre, il y avait une autre passion qui procurait aux Européens des esclaves, celle du jeu ; le nègre qui avait tout perdu, mettait sa propre personne en enjeu, et se laissait, en cas de perte, vendre au marchand d’esclaves.

LE CARROSSE ENVOYE PAR LOUIS XIV AU ROI D’ALLADA

Ce fut un curieux spectacle que le débarquement sur la côte de Guinée, le 9 janvier 1670, d’un carrosse tout doré, avec harnais et mors rutilants d’or, aussi riches qu’à la cour du Grand Roi. Il était destiné au roi d’Ardres ou d’Allada, jusque-là habitué à s’asseoir sur le simple tabouret de ses ancêtres dans la ville sainte du Dahomey. Le monarque vint prendre en personne possession du cadeau de notre Compagnie des Indes, où il put se prélasser en jupon de satin, mules écarlates et bas de soie amarante.

En buvant « bouche à bouche » avec le délégué