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leurs pas, une guitare et une harpe aux cordes en poils de queue d’éléphant activent le mouvement, quand ils se livrent à une danse funèbre, en claquant des mains. Étrange, cette marche funèbre ! La bière ouverte, on interpelle le défunt en lui demandant la cause de la mort ; par trois mouvements en avant, il indique que la magie est la cause de son décès ; et la bière est censée se diriger vers le coupable, qui est aussitôt saisi et voué à l’esclavage.

Les Sénégalais sont encore des civilisés : « la dame africaine » au jupon de taffetas rouge, un mouchoir de soie au cou, un madras sur la tête, a des pendants d’oreille, un collier de corail, des chaînes d’or et d’argent, une chevelure parfois taillée en croissant. En bonnet et sandales rouges, les Mandingues ont des caleçons et des chemises brodées, un poignard dans sa gaine sur la cuisse droite, un couteau de table sur la cuisse gauche.

« Les seuls sçavans de tout le païs », les Mandingues, habiles commerçants, marchands d’or, s’en allaient au seizième siècle à travers la Guinée, emportant la poudre d’or dans de grosses plumes d’oiseaux ou des os de chat, avec des balances de précision aux marqueteries d’argent et des poids soigneusement serrés dans de petites écritoires de cuir. Des archers aux longues tuniques et aux caleçons évasés les escortaient avec tout un arsenal de coutelas et de sagaies. Les Mandingues ne vendaient comme esclaves que leurs criminels.

Les points de succion de la traite étaient, pour les Français, à Saint-Louis du Sénégal, à Gorée, à Rufisque ; pour les Anglais, au fort James en