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sont les moins fainéants et les plus industrieux, presque tous sachant quelque métier pour gagner leur vie ».

Dès le règne de Louis XIV, nous avions installé à Saint-Louis du Sénégal des captiveries pour alimenter nos colonies. D’autres suivirent. Ce fut un touchant spectacle que l’entrevue, contée par Golberry, du Bor-Salum avec le capitaine de vaisseau de Repentigny, envoyé de Louis XVI. Le roi nègre, qui portait, en guise de toison d’or, un globe d’or suspendu par un cordon de soie cramoisi et, dans ce globe, un grigri en queue d’éléphant, prit la main de notre officier de marine, la porta sur son cœur et dit : « Je te vois chez moi, dans ma case, en présence des grands de mon royaume, et j’ai un grand plaisir à te voir. Tu as à me parler ; parle-moi, avec la même confiance et la même franchise que si tu parlais à ton frère. Dis-moi ce que tu désires, je t’écouterai avec attention ; et si tes désirs sont tels que je puisse les accomplir, ils seront satisfaits. Je t’aime, je t’estime et j’ai pour toi le cœur d’un frère. »

Et par traité, le Bor-Salum nous concéda Kiawer, un des plus fameux marchés de captifs, où les marchands mandingues arrivaient de l’intérieur avec de longues files d’esclaves. Parmi eux étaient les Peuls ou Pouls, au teint cuivré et aux jolies femmes, et les Bambaras, les meilleurs travailleurs de toute l’Afrique, à qui la nature avait donné la servitude en partage. Elle leur avait aussi donné la bravoure, qui allait jusqu’à la témérité. « On les voit affronter en chantant les plus grands dangers ; ils ne craignent ni fusils