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Quassie était adoré comme un dieu, et ses amulettes d’obéah, composées de coquilles, de cheveux, d’os et de plumes, étaient d’autant plus recherchées, qu’il avait gagné une grande réputation, en découvrant les propriétés médicinales et balsamiques de la racine du bois de quassie.

Il y a toujours des obéahs, des esprits du mal, et des myalistes ou docteurs noirs, tels que ce jeune homme d’un noir de jais qui se vantait au pasteur Gurney d’avoir guéri une femme atteinte de la lèpre.

Il y a peu de temps, le P. Williams cheminait par un clair de lune dans les mornes de la Jamaïque : « Un obi, vois ! » lui dit en tremblant son compagnon, en lui montrant un homme absorbé devant des objets étalés sur le sol, bâtonnets, plumes, coquilles d’œuf et autres menues choses qu’on ne pouvait distinguer, — peut-être des becs de perroquets, des ossements pulvérisés, des dents de chiens et d’alligators qui faisaient partie, nous le savons, de l’attirail d’un obéah. Avec un balancement rythmique du corps, le sorcier se livrait à des incantations maléfiques. Quand il eut fini, une femme sortit de l’ombre et recueillit avec dévotion le petit sac d’ingrédients, qu’elle eut l’ordre d’emporter sans se retourner et sans parler à âme qui vive. C’était un quimbois qu’elle avait reçu d’un jeteu de sort.

Les morts jouissent d’un culte étrange. Un autel couvert de crânes, une croix de bois autour de laquelle s’enroulait un boa de plumes, une officiante, une nebo, en mousseline blanche, habit à queue et chapeau haut de forme, deux acolytes féminines, dont l’une avait un turban et dont