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Les zombis ! Ils jaillissent des ténèbres en esprits du feu et en cochons sans poil. Pour éviter leurs importunités nocturnes, on enterre au seuil des maisons les entrailles d’un cabri ou une bouteille d’eau bénite. Et sur la tombe des défunts, on porte le dîner des ombres, le manger zombi. La cérémonie des funérailles dans la chaumière, dans la counouque visitée par la mort, a donné lieu à l’immolation d’un poulet comme viatique et à l’ensevelissement avec le mort de ses effets les plus précieux. L’âme s’est envolée sur les ailes d’un papillon qui a effleuré, avant de s’évanouir dans l’espace, tandis que se fanent, dans la chambre funèbre, les fleurettes roses de la liane d’amour, que les créoles appellent la belle mexicaine.

Stedman assista, en Guyane, à des enterrements dans des bosquets d’orangers, au milieu d’un concert de gémissements et de cris. Sur le gazon de la tombe étaient déposées deux grosses calebasses, l’une pleine d’eau, l’autre remplie de viandes bouillies et de cassaves : les meubles du défunt gisaient en morceaux sur le sol. Après quoi, les assistants lui faisaient leurs adieux, en lui adressant la parole comme s’il pouvait les entendre. Un dîner funèbre pour lequel l’on égorgeait un cochon et l’on saignait canards et poulets, terminait la cérémonie : les parents prenaient le deuil en se rasant la tête et en l’enveloppant d’un mouchoir bleu. L’an révolu, un autre festin, suivi de danses et de chants, mettait fin au deuil par un dernier adieu au mort.

Pareille mentalité assurait aux sorciers une grande réputation. En Guyane hollandaise, Graman-