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à leurs tatouages en verrues, à leurs tempes scarifiées ou à leur visage ciselé. Mais aujourd’hui, toutes les races se sont fondues en offrant, comme teintes de la peau, la plus riche palette de couleurs, depuis le noir et le brun jusqu’au cuivre et au bronze, au chocolat, au gingembre et à la banane.

De leurs tatouages, qui indiquaient la tribu, le rang, la condition sociale, quand ils n’étaient pas, — caïmans, lézards ou tortues, — des porte-bonheur ou des totems, les gens de couleur étaient très fiers. — « Chacun porte, inscrit sur son visage le nom de son pays, disait à l’abbé Bouche un noir de la côte des Esclaves : tandis que vous, blancs, où est la marque qui peut vous faire reconnaître pour Français, Anglais ou Portugais ? »

Seuls peut-être en Amérique, avec leur chevelure crêpelée en forme de cornes, leurs tatouages en façon de cuir repoussé, leurs cicatrices saupoudrées de poudre de charbon, le soleil irradié de leur nombril et les spirales qui retroussent en un rire éternel l’arc de leur bouche, les Bonny perpétuent au fond des forêts guyanaises les rites et le nom d’une tribu du Bénin. Ils descendent sans doute des marrons avec qui les Hollandais durent transiger en 1760, pour ne pas voir piller leurs plantations par ces nègres fugitifs.

« LE CALALOU DES MORTS »

À Haïti même, une tribu a conservé son individualité, sans, pour autant, continuer à s’orner