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des bourreaux, le gigantesque tambour de la mort en tête, doublé d’un oliphant.

« Ma maison manque de couverture », disait le roi du Dahomey en faisant allusion aux crânes qui ornaient la toiture de son palais. Et les murs en terre qui l’enveloppaient sur un mille de longueur, étaient aussi couronnés d’un chapelet de mâchoires humaines, ponctuées de temps à autre par des crânes.

Badagry, en fait de cruauté, était à l’unisson.

Non loin de Whydah, Badagry était un grand marché d’esclaves, où la religion préconisait les sacrifices humains, où la justice elle-même était sanguinaire. Un grand chapeau à trois cornes était adapté à la tête des prévenus : s’il demeurait immobile, ils étaient acquittés : s’il remuait, ils étaient condamnés. Le criminel était conduit près d’un arbre fétiche, où étaient clouées les têtes des condamnés. Pendant qu’il avalait un flacon de rhum, un coup de massue lui faisait jaillir la cervelle, un coup de hache lui abattait la tête, dont le sang ruisselait dans une calebasse. On lui arrachait le cœur, que le roi et ses femmes mordaient à pleines dents, cependant qu’une nuée de vautours tournoyait au-dessus du charnier.

Une ville du Dahomey, le serpent et le fétiche de la mer du Dahomey, tels étaient les dieux honorés dans les hounforts de l’île magique par « les prêtres, les initiés ordinaires et les initiés invulnérables », Houngans ou Hougans, Hounsy Francs et Hounsy Canzos, qui avaient conservé, dans leur nom et dans celui de leur temple, le mot qui désigne un fétiche en dialecte du Dahomey,