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couronné roi », auquel on offre à manger. Ainsi s’éclairent les supplications des compagnons de Seabrook aux vieux dieux d’Afrique, pour qu’ils se contentassent d’animaux comme victimes propitiatoires.

Au bord d’une clairière qu’ombrageait un grand arbre de Guinée, en face du village dahoméen de Porto-Novo, un missionnaire français, le P. Courdioux, assista aux danses diaboliques des sectateurs de Legba. Devant un gros fétiche accroupi à l’entrée d’un temple et tout rougi du sang des victimes, les nègres tournoyaient au son du tam-tam, qui précipita ses battements à l’apparition d’un blanc. Et avec une mimique menaçante, ils forcèrent le missionnaire à s’éloigner.

Et voici maintenant le dieu de la guerre dahoméen, un fantoche armé d’un sabre ajouré, dont Maurice Delafosse a donné l’horrible spécimen.

L’Ogoun Badagry, qui se mêlait aux dieux dans la liturgie du Vaudoux Haïtien, était un intrus. Car il n’était autre que l’accouplement d’une rivière et d’un port. Ogoun est la rivière qui débouche dans la lagune dahoméenne formant trait d’union entre Lagos et Badagry. Et j’imagine que les deux mots étaient quelque couplet d’un chant de guerre, en mémoire peut-être de l’expédition des Dahoméens contre Badagry, en 1784. La ville avait été emportée après un sanglant combat. Une gravure saisissante de The History of Dahomey, de Dalzel, en 1793, montre les captifs attachés aux poteaux d’un hangar, hommes et chevaux. Le tam-tam résonne. Assis sous un parasol, le vainqueur assiste au défilé