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le fétiche par excellence, la manifestation d’une force cachée qui réclame un culte. Il y avait neuf chœurs de Vaudouns, et parmi eux le tonnerre et la mer. Et maintenant reprenons le reportage de Seabrook.

La mer, Agbé, en dahoméen, est, sous son nom à peine changé, Agoué, parmi les fétiches invoqués par les sectateurs du Vaudoux haïtien. Agoué est, du reste, une ville du Dahomey.

Damballa-Oueddo, le Dieu serpent, ressemble étrangement au Dan-aïdo-Oueddo, au serpent arc-en-ciel replié sur lui-même dont les rois d’Abomey mettaient l’image dans leur trésor.

Dan, autre serpent, était le serviteur du tonnerre. Il était honoré notamment à Péda ou Houéda, et son culte avait été mis en honneur par l’avènement d’un prince de Péda au trône du Dahomey. Dan-Péda, « le Serpent de Péda », tel est sans doute le sens du mot Dompète, que prononçait à Haïti la négresse Finette devant Descourtilz ; telle est l’origine du grand sacrifice Petro auquel assista Seabrook. La hache en forme de croissant lunaire qu’observa sir Spencer Saint-John dans un hounfort d’Haïti, n’est autre que le sceptre des féticheurs du tonnerre dahoméen : sceptre qui se termine par une hachette semi-lunaire au milieu de laquelle serpente un éclair.

Au Dahomey, le papa Legba, que Seabrook entendit évoquer dans les mornes haïtiens, est le compagnon caché de chaque individu, un lutin prêt aux pires méchancetés, qu’il faut apitoyer par des sacrifices ; il réside dans le nombril, d’où il se plaît à insuffler la colère. À l’entrée des villages africains, se trouve un symbole de « Legba