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Pierre assistait à une discussion entre nègres de Sestos sur les honneurs à lui rendre. Bosman était témoin d’un massacre général des cochons, parce que l’un d’eux avait mangé un serpent. Dans l’art du Bénin, des reptiles enroulés ornent le manche de cuillers en ivoire. Et le Congo associait dans son culte les serpents aux boucs et aux léopards. Sur le Ouagadou, les griots rapportaient que le serpent sacré de Koumbi faisait tomber des pluies d’or. Mais de tous les petits États de l’Afrique Occidentale, nul ne vouait au serpent un culte aussi profond que le Dahomey.

L’ophiolâtrie a été, au reste, un des cultes les plus répandus de l’humanité. « Grandeur, agilité, vitesse de mouvement, force, armes funestes, beauté, intelligence, instinct supérieur, tels sont les traits sous lesquels les serpents ont été montrés dans tous les temps : Voile tissu d’or et de soie et qu’embellissait peut-être l’image que l’on voyait au travers, mais qui n’était que l’ouvrage de l’homme, et que le flambeau de la vérité devait consumer pour n’éclairer que l’ouvrage de la nature. » Ainsi parlait M. de Lacepède dans Histoire naturelle des Serpents. Et il citait, parmi les pays où on lui rendait des honneurs divins dans des temples, « le royaume de Juida ».

Juida, Juda, Ouidah ou Whydah est une ville de la côte occidentale de l’Afrique, située dans le Dahomey. Un voyageur français, le chevalier Des Marchais, y assista, le 15 avril 1725, à la procession du Grand Serpent, que son éditeur, le P. Labat, a figurée dans une curieuse gravure. En tête, des « chasse-coquins » obligent l’assistance à s’écarter. Assise sur les talons, elle assistera