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singulière doctrine que toute famille de cinq personnes de sa race et a fortiori d’un plus grand nombre de personnes devait être exterminée. Armée de fétiches, suivie de sectateurs du Vaudoux, elle faisait irruption à minuit chez les familles condamnées, les endormait avec des narcotiques et les exterminait à coup de hache. Les assassins laissaient, comme trace de leur passage, cette inscription mystérieuse : « Les cinq humains. »

Cette épée de Damoclès suspendue sur les familles de couleur comptant au moins cinq personnes, serait-elle pour quelque chose dans l’arrêt soudain de la multiplication de la race noire, qui, en moins d’un siècle, avait quadruplé aux États-Unis ?

Cependant, après Seabrook, le Vaudoux avait cueilli un autre adepte parmi les blancs. Il en avait fait un roi, mais un roi qui, nous le verrons, ignorait l’origine lointaine de la société secrète où il entrait et qu’il croyait originaire du Congo.

LE ROI BLANC DE L’ÎLE DE LA GONAVE

Près de Saint-Domingue est l’île de la Gonave, où se sont conservées les mœurs d’Afrique. Certaine nuit de 1929, les tambours retentirent. Les tambourinaires variaient continuellement leurs battements suivant un code qui comportait au moins douze combinaisons. Les signaux se suivaient comme des vagues pour transmettre les messages de « la reine » de l’île. Les échos en roulaient dans les montagnes. Et bientôt,