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de couleuvre, les pierres-tonnerres n’excluent pas les images de piété. Mais les dieux de l’endroit sont Agoué symbolisé par un bateau ; Damballa, en médaillon, tenant deux couleuvres en main ; Ogoun Badagry, à cheval ; et papa Loco, en grand uniforme, la pipe à la bouche et un éventail à la main. Dans la cour du hounfort, un cirouellier, un médicinier et deux grenadiers servent de reposoir aux dieux Legba, Ogoun, Loco et Sango.

L’INITIATION D’UN BLANC

Paul Reboux s’était arrêté dans le vestibule du mystère. Un jeune Américain pénétra plus avant. Seabrook avait été pris en affection par une famille de gens de couleur, qui le convia à la danse hallucinante de Dom Pèdre, au grand sacrifice Petro. Déjà, au temps du sanguinaire Dessalines, le naturaliste Descourtilz en avait eu connaissance. Une intelligente négresse, Finette, avait été introduite dans le cercle infernal de la danse de Dompète : elle avait vu des affidés, des Vaudoux, hurler, les pieds en l’air, et écumer comme des bêtes féroces ou, comme des fakirs, prendre en main des charbons ardents et se laisser lacérer les chairs avec des ongles de fer, sans témoigner la moindre douleur.

Seabrook allait-il assister à pareille bacchanale ? — À travers des bois d’acajou, il gagna un plateau qui dominait une gorge profonde des mornes haïtiens. Il était guidé par le son assourdissant de tambours qui, parfois, rendaient un mugissement