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calebasses. Sur la soie d’étendards brodés à Paris, rue d’Aboukir, étaient représentés un bouc, un chevreau et un serpent. Des mornes et des gorges de la montagne, arrivaient des fidèles. Et ces adeptes du Vaudoux lui donnèrent le spectacle de danses ponctuées par les clameurs de voix aiguës et soutenues par un orchestre de tambours, de cornes et de flûtes. Tout à coup le rythme se précipite. L’un des tambourinaires, les yeux révulsés, s’immobilise dans une sorte d’extase : il a les Saints, il est possédé des Saints du paradis, qui parleront par sa bouche. De cet homme hagard, Paul Reboux prit la photographie et, le laissant dans son fac-similé d’extase, s’en alla.

Étrange amalgame de religions ! Dans un autre hounfort où pénétra l’Américain Wirkus, des reliques d’Indiens Caraïbes recueillies dans les cavernes d’Haïti, des couteaux en pierre et des marteaux voisinaient avec des objets du culte Vaudoux et une lithographie de saint Patrice chassant d’Irlande les serpents. La chapelle de Ville-Bonheur, dans la courbe molle des collines de Trianon, où se pressent des foules haïtiennes convaincues d’apparitions de la Vierge, est-elle si loin des vallons où l’on honore les dieux Vaudoux ?

Une correspondance de Port-au-Prince, reproduite dans le Journal des Débats du 6 avril 1906, donne la description du hounfort de « la Société la Fleur de Guinée, roi d’Engole ». Le sanctuaire comporte deux pés, deux autels, où les canaris, les tasses affectées aux mangers-marassas, les assons-clochettes auxquels sont fixés des osselets