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au nombre de huit, furent fusillés sur la place publique un jour de marché.

Un journaliste parisien écrivait, en 1890.

Le Vaudoux ! rien que ce nom fait frissonner de la tête aux pieds ; et à Port-au-Prince, où les sons du bamboula qui annoncent ses cérémonies dans les mornes ne discontinuent guère, on n’en parle qu’en silence et avec terreur, tant est grande l’influence de cette secte, tant sont nombreux ses affiliés que l’on rencontre dans toutes les branches de l’administration, tant est redoutable son autorité qui s’étend jusqu’au palais présidentiel, tant sont terribles enfin ses moyens d’action. Quand le journaliste parvint après une rude montée, dans les mornes du Desprez, il eut la surprise de reconnaître, parmi les danseurs hystériques du culte du Vaudoux, des personnages qu’il avait laissés le matin même au grand bal de la présidence. Des secrets de la secte, les grands-prêtres étaient les seuls dépositaires ! ils puisaient leurs pouvoirs dans la connaissance des sciences occultes, la pratique de la suggestion et surtout l’art de préparer des poisons subtils qui ne laissaient aucune trace et pouvaient à volonté donner la mort, la catalepsie, l’hébétude ou la folie. Au journaliste qui l’interrogeait, le grand-prêtre de Momance près Léogane disait qu’à sa connaissance, il n’y avait jamais eu qu’un seul étranger qui y eût été initié… Et depuis lors ?

C’était un ramassis disparate d’images saintes et d’amulettes que Paul Reboux aperçut, en 1919, dans un hounfort de la montagne d’Haïti. Saint-Roch et l’Assomption voisinaient avec des fétiches, des sifflets, des colliers de graines et des