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de Saint-Méry, se répètent-elles encore, ou appartiennent-elles à un passé à jamais aboli ? — Elles sont encore vivantes, le docteur haïtien Price-Mars a poussé le scrupule des investigations jusqu’à assister à une centaine d’entre elles ; mais il a constaté que l’adoration de la couleuvre est, soit éliminée, soit reléguée à l’arrière-plan du cérémonial, où les bacchanales de la danse sont déchaînées par la plainte rauque du gros tambour sacré, de l’Assotor.

Elles sont si vivantes, dis-je, qu’il y a, dans beaucoup de cases, un , un autel pour les cérémonies du culte et qu’en 1896 l’évêque du port haïtien, Mgr Kersuzan, crut nécessaire de s’élever contre elles, dans une conférence populaire qui eut un immense retentissement. Et il en décrivait l’ambiance : le culte de Vaudoux comportait des amulettes porte-bonheur, maldiocs, gardes qui se portaient au cou, bouteilles d’eau de mer, qu’on enterrait au seuil de la case, poules rangées dont on hérissait les plumes. Voulait-on se venger de quelqu’un ? On piquait des épingles dans une chandelle comme jadis, au moyen âge, dans un marmouset à son image. Et voici les officiants, grands-prêtres, chapitreurs ou papalois, grandes-prêtresses ou mamanlois, qui président aux services, gombos ou noche bello du hounfort, ainsi appelle-t-on le temple. Pour libérer l’âme d’un initié défunt, on brise un vase canari, car l’opinion commune est que l’âme, après la mort, tombe dans l’eau la plus proche. Des sacrifices sanglants couronnent l’orgie des danses frénétiques.

Un prêtre français du district de l’Arcahaye en