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prêtre a tracé : l’officiant le frappe à la tête avec une petite palette de bois et entonne la chanson africaine :


Eh ! Eh ! Bomba. Hen ! Hen !
Canga cafio té…


Le récipiendaire entre en transe tout en dansant. S’il sort du cercle, le chant cesse et, pour écarter un fâcheux présage, le roi et la reine Vaudoux tournent le dos, jusqu’à ce que le danseur soit rentré dans le rond magique. Quand son agitation est arrivée à se traduire par des convulsions, le roi Vaudoux le frappe de sa palette ou d’un coup de nerf de bœuf et le conduit à l’autel du Serpent pour prêter serment. Le Vaudoux compte un fidèle de plus.

« Le roi met la main ou le pied sur la boîte où est la couleuvre, et bientôt il est ému. Cette impression, il la communique à la reine et, par elle, la commotion gagne circulairement, et chacun éprouve des mouvements dans lesquels la partie supérieure du corps, la tête et les épaules semblent se disloquer. La reine agite la boîte du serpent Vaudoux et les grelots dont celle-ci est garnie, telle la marotte de la folie ; le délire va croissant. Les défaillances, les pâmoisons se succèdent, chez tous, il y a un tremblement nerveux qu’ils ne semblent pas pouvoir maîtriser. Ils tournent sans cesse sur eux-mêmes. Il en est qui, dans cette espèce de bacchanale, déchirent leurs vêtements et mordent même leur chair. »

Les scènes que décrivait ainsi en 1797 Moreau