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divine ; tu le nourriras de tes aliments et le vêtiras de tes habits. » La religion du Christ et celle de Mahomet en cela s’apparentaient.

Mais l’une défend la polygamie que l’autre agrée. Aussi y a-t-il, au Maroc, des « négresses de lit », que la naissance d’un enfant affranchit. Mais que d’autres esclaves de couleur dans les maisons fortunées ! Les dadas, les nourrices, qui se jettent aux pieds des enfants du maître, quand on parle de les vendre ; les cuisinières, aussi habiles à confectionner la pâtisserie qu’au temps où, dans les villes, aujourd’hui mortes, du Sahara, on les achetait cent pièces d’or… Il y a encore à Fez, disent les frères Tharaud, au fond d’un dédale de ruelles, trois marchands d’esclaves.

« Chez les peuplades de la Côte-d’Ivoire, écrivait, en 1903, M. Le Hérissé, on ne trouve pas de domestiques ou de salariés quelconques. Ils sont remplacés par l’esclave. L’esclave est loin d’être ce que notre imagination nous le représente en Europe, et la plupart des domestiques ou ouvriers blancs travaillent beaucoup plus et sont moins heureux que l’esclave nègre. Sans souci du lendemain et sans préoccupation aucune, il travaille aux plantations aux jours fixés par la coutume, c’est-à-dire trois ou quatre fois par semaine. En général, il n’est jamais maltraité. Libres du jour au lendemain, les esclaves ne pourraient que mourir de faim ou aller supplier leur maître de les reprendre. »

Mais cet optimisme est loin de correspondre à la réalité à l’intérieur de l’Afrique équatoriale et sur les hauts plateaux des grands lacs, partout où