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Les jurisconsultes andalous admettent les mêmes principes qui sont appliqués par les juges de Fez et les cadis de Tombouctou.

— Le prophète procédait-il à une enquête préalable, quand il achetait des esclaves ?

— Précaution inutile, l’humanité presque entière étant alors plongée dans les ténèbres de l’infidélité. Mais le prophète a dit : Dieu le Très Haut t’a rendu propriétaire de l’esclave. S’il l’avait voulu, il l’aurait rendu maître de ta personne. Le Seigneur te rappelle par là qu’il t’a fait la grâce de t’admettre au nombre des musulmans, alors qu’il l’a laissé, lui et ses ancêtres, dans les ténèbres de l’impiété, au point de permettre qu’il soit conduit en captivité… Dieu ordonne de traiter les esclaves avec humanité, qu’ils soient nègres ou non. On doit avoir pitié de leur triste sort, et leur épargner les mauvais traitements, car le fait seul de devenir la propriété d’autrui brise le cœur : la servitude est inséparable de l’idée de violence et de domination, surtout lorsqu’il s’agit d’un esclave emmené loin de son pays.

— Juridiquement, les individus amenés de l’Abyssinie sont-ils dans la même situation que ceux qui viennent du Soudan, ou y a-t-il une différence entre eux ?

— Tous les incrédules sont placés sur le même pied, à l’exception de ceux qui ont passé des traités avec les musulmans. Il est permis d’opérer des razzias, de capturer les individus, qu’ils soient nègres ou chrétiens ou juifs. On commence par les sommer d’embrasser la religion musulmane. S’ils s’y refusent, on leur propose de se soumettre