Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/213

Cette page n’a pas encore été corrigée

Au Brésil, la population servile tombait de décade en décade, tant les affranchissements s’étaient multipliés. Couvents, hôpitaux, administrations avaient donné l’exemple : à la mort du maître, son esclave particulier, son pagem, recouvrait la liberté ; à l’occasion d’un joyeux anniversaire, en vue du recrutement des troupes, des esclaves la recevaient aussi, si bien que leur nombre tombait de 2.200.000, en 1851, à 1.500.000, en 1871, à 740.000, en 1888, au moment où l’esclavage fut définitivement aboli.

Sur l’abîme qui séparait les races, les Portugais avaient depuis longtemps jeté une planche de salut. Ils n’avaient point couvert leurs frères de couleur de l’opprobre du mépris. Portefaix, jardiniers ou vendaires de Rio, ouvriers des fazendas, vivaient en excellent ménage avec les femmes de couleur. Dans une fusion des races, tous communiaient dans le même idéal. « Pour les hommes, comme pour les plantes, écrivait Élisée Reclus, le Brésil est une terre promise, et déjà, plus qu’en aucune contrée de la terre, l’humanité, représentée par blancs, rouges et noirs, s’y est connue et fraternellement réconciliée. »

Entre les deux Amériques, quel contraste !