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les autres non : voilà tout. De là grande incertitude : ceux qui emmènent ces malheureux prisonniers, ne savent rien de leur condition juridique.

— N’est-il pas incontestable que la mécréance est le fondement de l’esclavage ?

— Il en est ainsi, pourvu que l’individu n’ait pas été pris dans un pays placé sous le protectorat musulman.

— Et si les régions du Soudan ou l’islamisme est pratiqué, ne se sont converties qu’après la conquête ?

— Les gens dont vous parlez, gens du Kenou, du Bornou, du Sara et de Melli, sont devenus musulmans, sans y avoir été contraints par la force.

— Que penser spécialement des gens du Bornou ? Il nous arrive beaucoup d’hommes de là. Sont-ils esclaves ou non ?

— Ils sont musulmans, partant libres. Dès l’an 655 (1257 de notre ère), le roi nègre de Bornou, ville située sur le méridien de Tripoli, offrait un riche cadeau au sultan El Mostancer.

— Un individu dont on ne connaît ni le lieu d’origine, ni la condition, ni s’il a été asservi avant ou après son islamisation, peut-il être vendu ou échangé sans enquête préalable ?

— Sachez-le, l’infidélité — qu’il s’agisse de chrétiens, de juifs, de pyrolâtres, de berbères, d’arabes, de tous autres individus rebelles à l’islamisme — est la seule justification de l’esclavage. Les infidèles nègres doivent être traités comme les infidèles chrétiens. Quiconque a été capturé, infidèle, peut être valablement réduit à l’état de chose et devenir la propriété d’un maître.