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exiguë : les pauvres diables de noirs n’étaient pas toujours très à l’aise : mais le souvenir de la fin qui leur aurait été réservée sur terre, leur faisait prendre leur mal en patience. »

Au négrier, un capitaine hollandais faisait écho. « Les nègres de Guinée, vendus comme esclaves, ont-ils gagné à changer de maîtres ? C’est là, à mon avis, toute la question, écrivait Van Boudyck Bastiaanse. Au lieu de dépendre chez eux des bizarreries et des caprices d’un tyran barbare et odieux, étranger à tout sentiment d’humanité et de compassion, ils se trouvent soumis à des lois qui les forcent à travailler, il est vrai, mais dont ils n’ont rien à craindre. On cherche à leur inculquer quelque connaissance du bien et du mal. »

Et le Hollandais, qui écrivait, en 1853, restait sceptique sur l’abolition de l’esclavage : « Des siècles devront encore s’écouler avant que les nègres soient civilisés au point de sentir ce que l’esclavage a d’injuste et de dur pour la condition humaine, au point de considérer les malheureux esclaves comme leurs égaux et non comme des animaux domestiques ou comme une marchandise dont on fait trafic. Peut-être n’est-ce là que le rêve d’un utopiste, qu’une idée chimérique qui ne se réalisera jamais. »

LES NÉGRIERS ARABES

Les négriers arabes sont encore pires que les négriers européens : ils ont « de grands bateaux ouverts, lourds et non pontés. On y construit en