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vivants plus d’espace. Les survivants se mirent à engraisser. »

Voici le négrier à destination.

L’assimilation de la traite à la piraterie rend hasardeuse l’opération du débarquement. C’est dans quelque repli d’une côte sauvage qu’elle a lieu. Les canots font la navette jusqu’à épuisement complet de la cargaison de bois d’ébène, aussitôt acheminée vers une plantation voisine. De la Havane, de Matanzas ou de Santiago de Cuba, des vêtements sont apportés en hâte pour l’habiller ; des marchés sont secrètement conclus avec des courtiers ; et le navire, maquillé en caboteur, entre tranquillement dans un port franc. Si on estime périlleux de l’y faire entrer, il est livré aux flammes.

Au Brésil, il en est différemment. La traite des esclaves reste permise, si elle se fait exclusivement au sud de l’équateur et par navires portugais. Aussi n’était-il point rare, au temps du roi Louis-Philippe, de voir ancrés une quinzaine de navires en même temps dans le port de Quilimane, pour attendre des cargaisons de nègres du Mozambique.

LA PLAIDOIRIE D’UN NÉGRIER

À Cuba, vivait, il y a à peu près un siècle, un beau vieillard entouré de la considération générale. Rignac y menait une vie patriarcale dans une petite aisance acquise dans la traite humaine, « métier horriblement pénible et surtout fort dangereux, avouait-il à Gaullieur. Les navires de