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LE REPAIRE DU NÉGRIER BLANCO
AU RIO GALLINAS

Là, en effet, dans cette rivière sinueuse qui s’écoule paresseusement vers l’Océan à cent milles de Monrovia, un chapelet d’îlots a servi de barracons à esclaves à Don Pedro Blanco, de Malaga. Aux abords de sa toile d’araignée de Gallinas, étaient postées, dans des arbres, des vigies, télescope en mains. De leur observatoire, elles décelaient l’approche des croiseurs et des négriers, sans jamais confondre amis et ennemis. Était-ce un croiseur ? Des tirailleurs, embusqués dans les épais fourrés des deux rives, se tenaient prêts à foudroyer ses embarcations ; si bien qu’un commodore britannique renonça à tenter l’aventure. Était-ce un négrier ? Des feux allumés sur la rive le guidaient. Et de barracons dissimulés dans les îlots, s’écoulait un flot d’esclaves que le négrier payait en nature, avec du tabac, du rhum ou de la poudre. Gallinas avait des succursales à Sherboro, Cap Mount, Digby, New-Sesters, si bien que Don Pedro Blanco s’était retiré des affaires, en 1839, avec des millions.

Au Dahomey, à côté des fortins de traite, alors en ruines, des Français, des Anglais et des Portugais, opèrent encore des négriers espagnols et brésiliens. Bouët-Willaumetz sait le nom de l’un d’eux.