Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/19

Cette page n’a pas encore été corrigée

des instructions de la reine Élisabeth, de la reine qui envoya Marie Stuart à l’échafaud : « Toutes les violences et les mauvais traitements que vous emploieriez envers ces esclaves, disait-elle, seraient des actions détestables que je vous défends, parce qu’elles attireraient sur vous la haine des hommes et la juste vengeance des cieux. »

Mais au fur et à mesure que de nouvelles nations européennes s’installaient au nouveau monde, l’urgence de la main-d’œuvre noire s’imposait. Maîtres d’une partie du Brésil, les Hollandais s’emparaient, en 1637, de San Jorge d’Elmina, en Guinée, pour y recruter des esclaves.

Derniers remparts de la liberté humaine en péril, le pape et le roi très Chrétien s’étaient dressés contre le flot : Urbain VIII, en 1639, défendit d’enlever les noirs à leur patrie et de les priver de leur indépendance.

LA FRANCE, MÈRE DE LIBERTÉ, NE TOLÈRE
AUCUN ESCLAVE (1571)

« La France, mère de liberté, ne permet aucun esclave », proclamait, en 1571, le parlement de Guyenne dans un arrêt lapidaire qui ordonnait la mise en liberté immédiate des nègres qu’un vaisseau d’équipage normand exposait en vente à Bordeaux. Et le dieppois Jean Ribault faisait pendre l’équipage d’un négrier portugais par les malheureux qui gisaient à fond de cale. L’un de nos jurisconsultes les plus réputés, Antoine Loisel, posait en axiome que « toutes personnes sont franches en ce royaume : si tost