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aussi, par une ophtalmie contagieuse, il n’avait plus personne, esclave ou matelot, qui ne fût aveugle : et ce vaisseau fantôme, qu’on n’avait pu secourir, s’était évanoui à jamais.

À bord des négriers de Bahia et de Cuba, sont des chiens féroces d’une race particulière au Brésil. La nuit, ils se tiennent à l’affût près des écoutilles pour empêcher les captifs de sortir de leur cloaque empuanti. À bord d’un de ces négriers, que visita le docteur Walsh, la hauteur des entreponts ne permettait même pas aux esclaves de se retourner, étant inférieure à la largeur de leurs épaules. À bord d’un autre, où l’on avait oublié d’embarquer de l’eau douce, tous moururent de soif.

DES NÉGRIERS, CERNÉS, NOYENT LEURS CAPTIFS

En 1831, deux négriers sont cernés par les croiseurs anglais au sortir de la rivière Bonny. Le Rapido a 250 créatures humaines à bord. Pour échapper à la confiscation, avec un sang-froid inaccessible au remords comme à la pitié, « il les lance dans l’éternité » ou mieux en pâture aux requins qui, on le vit distinctement, déchirèrent leurs corps.

— Jamais je ne laisserai tomber ma cargaison au pouvoir des croiseurs, déclarait le capitaine espagnol de l’Argus.

Un soir, la Brillante se trouva encadrée par quatre croiseurs qui accouraient de tous les points de l’horizon. La nuit tomba. Les Anglais entendirent