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en 1831, — lui accordèrent le droit de visite sur des navires portant leur pavillon. Et bientôt s’accumulèrent contre les négriers de terribles dossiers qui révoltèrent l’opinion mondiale, quand ils furent divulgués par sir Thomas Fowel Buxton, président du comité pour l’extinction de la traite. La saignée annuelle du continent noir atteignait 200.000 âmes, dont un quart vers l’Asie, le reste vers le Nouveau monde. Encore un tiers de la cargaison périssait-il en route, 283 sur 855 noirs à bord de Leâo, 304 sur 800 à bord de l’Adamastor, faisant route de Mozambique sur le Brésil. Et comment en aurait-il été autrement, quand un schooner de sept tonnes, et la Maria Pequena, de cinq tonnes, chargeaient au Gabon ou au rio Calabar 30 et 33 esclaves pour l’île du Prince, et la Nova Felicidade 71, alors qu’elle n’avait pas plus de onze tonnes ?

Ouvrez les dossiers de sir Thomas Buxton : ils contiennent des détails horribles :

Le Carlos, brick espagnol : la faim a tellement amaigri les survivants que les os leur percent la peau.

Le Saint-Joachim, portugais, venant de Mozambique : tous ceux que n’a pas enlevés le trépas, ont la dysenterie, enchaînés trois par trois, les malheureux sont forcés de… (ici des détails que le traducteur a refusé de transcrire).

Le Rôdeur, quand il aborde à la Guadeloupe, compte en aveugles et en borgnes la moitié de sa cargaison ; encore avait-il noyé une trentaine d’individus pour éviter des frais inutiles. Un négrier espagnol, le San Leon, l’avait croisé, demandant à grands cris du secours. Atteint, lui