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se proclama roi. L’insurrection avait triomphé. Le général Henri Christophe devenait roi d’Haïti, — c’était le nom indien de Saint-Domingue, — et datait du cap Henri, — l’ancien cap Français, — la constitution du nouveau royaume.

Il se constitua une cour où les duchesses noires avaient droit au tabouret, les comtesses au pliant. Et à l’imitation de Napoléon, il créa des ducs qu’il chamarra de décorations : sa Grandeur Mgr le duc de la Limonade, secrétaire d’État ; sa Grandeur Mgr le duc de la Marmelade, gouverneur du palais ; sa Grandeur Mgr le duc de Dondon, grand veneur ; colonels des chevau-légers du roi, le baron de Prophète Daniel et Louis-Voltaire Mahomet ; capitaine du Royal Dahomey, M. de Jupiter ; intendant des eaux et forêts, M. Télémaque ; directeur des haras, M. Rigolo ; vétérinaire des moutons de choix, M. Marlborough.

Le plus grand éclectisme avait présidé au Gotha Haïtien, où on lisait les noms de Montauciel, Fénelon, Pompée, Hercule, Neptune, Mercure, Métellus, Titus, Apollon, Cupidon, etc.

Deux états dans Haïti vivaient en frères siamois. L’ancienne colonie de San Domingo, peuplée d’Espagnols, d’Arouagues, de Caraïbes et de nègres, finit pourtant, en 1843, par se détacher de l’ex-colonie française pour vivre d’une existence propre. Elle eut des avatars : reprise en mains pendant quelques années par les Espagnols, la République Dominicaine se décida, en 1905, à prendre comme tuteur le gouvernement des États-Unis.