Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/177

Cette page n’a pas encore été corrigée

Champagne-infanterie, qui était un nègre de Cuba. Le citoyen Joseph Damingue dit Hercule était un brave. À Bassano, en 1796, il se précipite, lui douzième, sur deux bataillons croates qui forment l’arrière-garde de l’armée autrichienne, et il les force à mettre bas les armes. Et voilà le maréchal des logis promu lieutenant dans le régiment des Guides. Quelques mois plus tard, c’est la bataille d’Arcole. — « Citoyen Hercule, dit Bonaparte, choisis vingt-cinq hommes de ta compagnie, longe l’Adige une demi-lieue et tombe au grand galop sur le dos de l’ennemi en faisant sonner toutes tes trompettes. » La manœuvre réussit complètement. Et au nouveau capitaine, Bonaparte décerne un sabre d’honneur où est gravé sur la lame ce témoignage éclatant : « Pour avoir renversé, à la tête de vingt-cinq guides, une colonne autrichienne à la bataille d’Arcole. » Légionnaire, Hercule accompagne Bonaparte en Égypte, se distingue aux Pyramides, à Saint-Jean d’Acre, à Aboukir ; à Aboukir, il est promu chef d’escadron, pour avoir enlevé une redoute, puis, dans une charge furieuse, les retranchements ennemis. De retour en France, il caracole, dans les chasseurs de la garde, aux côtés d’Eugène de Beauharnais. Mais la déception vient, et justement de ses frères de couleur.

Le premier Consul lui a donné le commandement d’un bataillon de pionniers noirs. Mécontent de ne plus commander des blancs, Hercule prendra sa retraite en l’an XIV. Il n’en sortira qu’à la Restauration pour s’acheminer vers Saint-Domingue, en pantalon écarlate et en habit brodé constellé de décorations, comme aide-de-camp