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« Et les voûtes célestes s’entr’ouvrent au dernier souffle de l’innocence »…

LA TERREUR NOIRE À LA GUADELOUPE

Partout le monde noir est en effervescence, prêt à secouer le joug des blancs. Dans l’île Fernando Po, les Espagnols sont massacrés par les nègres, qui ne laissent plus débarquer aucun Européen. Les Portugais de l’île du Prince, en 1799, ne doivent leur salut qu’à la présence de la division française du capitaine Landolphe. À la Jamaïque, les marrons reprennent les armes.

À la Guadeloupe, les blancs ont fait appel aux Anglais. De France, le conventionnel Victor Hughes arrive avec une poignée d’hommes pour reprendre l’île. Il forme « une milice de citoyens noirs que le sentiment de la liberté appelait à la défense de la patrie ». Pendant deux ans, de juin 1794 à août 1796, règnera la Terreur. Les deux tiers des colons français passeront sous « le rasoir national » ou périront sous les feux de pelotons. Et quand le bourreau sera rassasié de sang, il écrira, désabusé et inquiet : « Qui pourra contenir quatre-vingt dix mille individus forts et robustes, aigris par de longs malheurs ? Qui empêchera les funestes effets de l’abrutissement où l’esclavage les a plongés ? Sera-ce trois mille personnes, dont deux mille détestent autant l’ordre de choses actuel que le gouvernement républicain ? »