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femmes et des enfants à vendre que nous acheptasmes, et puis les revendismes là où nous les trouviesmes à revendre ; et nous coustoient la mère et l’enfant un bachyn de barbieur, et trois ou quatre grands anneaulx de letton. Et puis quand nous estions à la mine d’or, nous les revendiesmes bien 12 ou 14 poids d’or ; et chascun poix est trois estrelins d’or : qui estoit bien grand gaing. »

La traite des nègres trouvait sans cesse de nouveaux aliments, au fur et à mesure que se poursuivait le périple de l’Afrique par les Portugais, et quel que fût l’aspect effroyable des tribus nouvelles. Telle la peuplade que Lope Gonsalves découvrit au Gabon : le corps barbouillé de rouge, un œil bordé de pourpre, l’autre de jaune, la lèvre percée, par laquelle passait la langue, une écharpe de peau de singe où pendait une clochette sur le dos et, au cou, une boîte à talisman, ils avaient, à la taille, une ceinture de peau de buffle et, au nez et aux oreilles, des anneaux de cuivre. Anneaux si appréciés du roi de Congo qu’il en envoyait des centaines en présent au roi de Portugal avec une cargaison de perroquets… et d’esclaves ! Mais en 1526, le roi noir tenta de réagir et de prohiber la traite, tant son pays se dépeuplait. La réaction fut vaine.

D’immenses besoins d’une main-d’œuvre accoutumée aux pays tropicaux avaient surgi avec la découverte du nouveau continent, où les Peaux-Rouges n’avaient d’autre souci que la chasse et la pêche. Avec les premières années du seizième siècle, l’exode des noirs vers les colonies espagnoles commença : le roi Catholique, dès 1510,