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les colons américains, ainsi qu’ils s’appelaient, réclamaient pour leurs congénères l’indépendance.

Les négriers étaient réduits à se défendre et à répéter, comme Aristote, qu’il faut des êtres inférieurs destinés à travailler pour la partie noble de l’humanité : — ce trafic délivre les noirs de la mort éternelle, écrivait au roi de Portugal un gouverneur de l’Angola ; — il permet aux nègres d’exiler leurs criminels, et il vaut à un grand nombre de captifs « le bienfait » de vivre, au lieu d’être cruellement massacrés, plaidait le négrier anglais Snelgrave. Mais tous ces arguments, au siècle qui mettait sur un piédestal l’homme de la nature, semblaient périmés.

La révolution française arrivait avec trois mots comme programme : liberté, égalité, fraternité. Les échos en roulèrent avec un bruit de tonnerre jusqu’aux colonies étrangères. — « Les chefs de cette secte, écrivait Golberry en parlant du Club des Amis des Noirs, se servirent des paroles magiques de philosophie, d’humanité et de philanthropie pour entraîner le vulgaire, toujours aveugle et toujours si facile à tromper. Il doit être permis de déplorer les résultats de ces cruelles théories, qui ont causé tant de malheurs et qui ont coûté des flots de larmes et de sang… »

L’ABBÉ GRÉGOIRE, AVOCAT DES NOIRS

En Angleterre, s’était, en effet, formée, en 1788, une société qui cherchait à remuer l’opinion pour obtenir l’abolition de la traite. Dans